Dans le monde, le cancer du poumon est la principale cause de décès par cancer avec environ 1,8 million de décès en 2020. En France, avec 52 777 nouveaux cas en 2023, le cancer du poumon est le 3e cancer le plus fréquent et son incidence progresse fortement chez la femme. De nombreux patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules (la forme la plus courante) non métastatique sont guéris par la chirurgie. Cependant, ces cancers sont très agressifs et le risque de rechute demeure très élevé (entre 30% à 55 % des patients opérés développent une récidive). Historiquement, les oncologues prescrivaient de la chimiothérapie avant ou après la chirurgie mais ces dernières années, la donne a changé grâce à l’immunothérapie, cette stratégie qui permet au système immunitaire du patient de reconnaître et d’attaquer ses propres cellules cancéreuses.
Coordonnée par des équipes de l’Institut Curie, l’étude internationale de phase 3 CheckMate-816 menée chez 358 patients atteints de cancer du poumon non métastatique avait révélé en 2022, les bénéfices cliniques très nets d’un traitement combinant une immunothérapie (nivolumab) à la chimiothérapie avant la chirurgie, avec une réduction de près de 40% du risque de récidive[1]. Ce traitement standard est désormais disponible en France, mais jusqu’à présent, on ne disposait pas des données formelles démontrant que cette réduction des rechutes conduisait à une augmentation du nombre de patients guéris.
Moins de rechutes, plus de guérisons
Au congrès de l’ASCO 2025, les résultats finaux sur la survie globale de cet essai clinique CheckMate816 à 5 ans sont présentés : plus de patients sont guéris et moins de patients décèdent de l’évolution de la maladie. Sur le long terme, la combinaison d’immunothérapie avec la chimiothérapie démontre un avantage statistiquement et cliniquement significatif en terme de survie globale par rapport à la chimiothérapie seule. A 5 ans, 65 % des patients traités par l’association d’immunothérapie et chimiothérapie avant la chirurgie étaient en vie, contre 55 % pour la chimiothérapie seule.
Les données à 5 ans montre également une amélioration significative de la survie sans événement et du taux de réponse pathologique complète. Dans 25 % des cas, on observe la disparition des cellules cancéreuses sous l’effet de l’immunothérapie administrée avec la chimiothérapie avant la chirurgie : ces patients sont guéris, ils ne rechutent pas. Les patients ayant obtenu une RCP présentaient une réduction d’environ 90% du risque de décès à 5 ans (par rapport à ceux qui n'avaient pas obtenu de RCP).
« CheckMate 816 représente une avancée majeure dans le traitement du cancer du poumon opérable : c'est le premier essai de phase 3 démontrant catégoriquement que la chimio-immunothérapie néoadjuvante améliore significativement la survie globale des patients. Ce bénéfice durable et à long terme confirme l’intérêt clinique de cette nouvelle stratégie thérapeutique et un espoir pour de nombreux patients », souligne le Pr Nicolas Girard, pneumologue, chef du département d’oncologie médicale à l’Institut Curie et coordonnateur de l’étude CheckMate 816. « Ces progrès significatifs rappellent que plus un cancer est détecté tôt, plus les options thérapeutiques sont efficaces et les chances de guérison élevées. D’où l’importance vitale du dépistage précoce du cancer du poumon et la mise en place d’initiatives pour évaluer le dépistage organisé, comme nous le faisons à l’Institut Curie, à travers notre étude Opti-Depist-Mut ж. »
=>Overall survival with neoadjuvant nivolumab (NIVO) + chemotherapy (chemo) in patients with resectable NSCLC in CheckMate 816. Oral abstract session, 2 juin 2025. Pr Nicolas Girard dernier auteur
=>Overall Survival with Neoadjuvant Nivolumab plus Chemotherapy in Lung Cancer. P.M. Forde and Others. New England Journal of Medicine. 10.1056/NEJMoa2502931
OPTI-DEPIST-MUT : une étude pilote unique en Ile-de-France vers un dépistage organisé du cancer du poumon L'Institut Curie mène, en partenariat avec l'Institut Mutualiste Montsouris et le Centre de Santé du Square de la Mutualité, l’étude pilote OPTI-DEPIST-MUT : OPTImisation de l’Implémentation du DEPISTtage du cancer broncho-pulmonaire en Ile de France. Ouvert depuis le début de l’année 2025, cet essai vise à évaluer la faisabilité d’un diagnostic précoce du cancer du poumon auprès d’une large population à risque en Ile-de-France. Soutenue par la Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF), cette étude - l’une des seules du genre actuellement en cours en France - s’inscrit au cœur de la stratégie décennale de lutte contre le cancer. Pour en savoir plus : curie.fr/opti-depist-mut |
[1] Lire le communiqué de presse 11 avril 2022 : Cancer du poumonun nouveau traitement associant immunothérapie et chimiothérapie réduit de près de 40 % le risque de récidive et de décès : : https://presse.curie.fr/cancer-du-poumon-un-nouveau-traitement-associant-immunotherapies-et-chimiotherapie-reduit-de-pres-de-40-le-risque-de-recidive-et-de-deces/?lang=fr