« La recherche fondamentale est le socle de l'innovation et des découvertes scientifiques, un investissement clé pour le progrès et l'intérêt général. Pour innover face aux grands défis de notre époque, les scientifiques ont besoin de liberté et de soutien financier pour prendre des risques. C’est le rôle des institutions de recherche, telles que l’Institut Curie qui accompagne les chercheurs dans cette voie, mais surtout des autorités politiques qui doivent les remettre au centre de la scène et leur donner les moyens d’agir. » déclare le Dr Cécile Campagne, directrice de la Valorisation et des Partenariats Industriels de l’Institut Curie et directrice adjointe de Carnot Curie Cancer.
Si l'innovation est essentielle, comme le souligne la Commission Européenne avec Horizon 2020, pour la compétitivité et le développement économique, elle tend souvent à être perçue comme un simple outil de préservation de notre monde actuel.
« Or, la science ne peut avancer sans audace. Nous devons replacer cette audace, cette capacité à prendre des risques, à explorer des chemins non tracés, au cœur de la recherche fondamentale. Il est temps de redonner aux chercheurs l'envie et le soutien nécessaire pour se lancer dans des voies radicalement nouvelles, même si elles ne garantissent pas une reconnaissance immédiate », explique le Dr Cécile Campagne.
La recherche fondamentale, socle de l'innovation et des découvertes scientifiques
La recherche fondamentale doit être protégée. Elle ne doit pas être considérée comme un coût mais comme un investissement essentiel pour l’intérêt général, car elle est le moteur du progrès. Elle est indispensable pour accélérer le développement, la mise sur le marché et l’accès à de nouvelles technologies de pointe pour venir à bout des défis mondiaux.
La France est à la traîne en termes de financement et d'infrastructures. Cela se traduit par une perte de compétitivité sur la scène internationale. La France investit 2,2 % de son PIB dans la recherche et développement (R&D), contre 3,5 % pour les États-Unis[1], ce qui freine sa compétitivité et entraîne la perte de sa place mondiale en matière d’innovation. La France est aujourd’hui à la 9e place mondiale en termes de publications scientifiques[2], une baisse par rapport la 6e place qu’elle occupait en 2005[3].
Des initiatives impulsées par l’État, comme le plan France 2030, qui alloue 30 milliards d’euros aux secteurs stratégiques de demain, offrent à la France l'opportunité de retrouver une place de premier plan sur la scène internationale. Toutefois, des efforts soutenus restent nécessaires pour concrétiser cette ambition, comme le précise le Dr Cécile Campagne : « En l'absence d'investissements suffisants et pérennes dans la recherche, la France deviendra de plus en plus dépendante des innovations étrangères, notamment dans des secteurs clés comme la santé et la technologie. Cela compromettrait la souveraineté scientifique et économique du pays. »
Rendre aux chercheurs leur liberté, les moyens d'agir et leur juste reconnaissance
La France dispose de chercheurs parmi les meilleurs au monde. Les entreprises américaines investissent beaucoup plus en R&D que les Healthtechs européennes, et les capital-risqueurs européens lèvent 3 à 4 fois moins de capitaux qu'aux États-Unis[4], contribuant à la fuite des talents et des entreprises vers l'étranger. Certaines BioTechs prometteuses ont dû se tourner très tôt vers les États-Unis pour accéder aux financements conséquents nécessaires à leur croissance, faute de possibilités similaires en France, et ce malgré leur fort potentiel national.
« On estime à un chercheur sur quatre, le nombre de chercheurs qui souhaiteraient se lancer dans une aventure entrepreneuriale », indique le Dr Cécile Campagne. « Dans une carrière scientifique, les chercheurs qui ont entrepris et innové n’ont pas toujours reçu la même reconnaissance que ceux qui publiaient dans les plus grandes revues. » Un paradoxe que la direction de la Valorisation et des Partenariats Industriels (DVPI) s’efforce de renverser, en montrant aux chercheurs tout le potentiel qu'offre cette voie d'exploration et de créativité.
« C’est aussi une affaire de mentalité à changer : la France et l'Europe doivent renouer avec le goût du risque, cesser de disperser les financements sur de nombreux petits projets, et investir massivement dans les initiatives les plus prometteuses, en acceptant les aléas financiers liés à l'innovation. »
L’innovation implique la prise de risques et découle de l'autonomie intellectuelle des chercheurs, loin des contraintes liées aux résultats à court terme. Pour cela ils ont besoin de financements stables et durables qui leur permettent de mener à bien leurs projets, comme le décrit le Dr Christel Goudot, ingénieure de recherche en bio-informatique dans l’unité Immunité et Cancer à l’Institut Curie, détentrice de plusieurs brevets : « L'obtention de fonds pour financer notre recherche constitue aujourd’hui un élément clé dans notre choix d’emprunter ces voies de valorisation. »
Il est par exemple nécessaire d'accompagner les start-ups tout au long de leur parcours, de la recherche à l'industrialisation, en assurant un financement continu à chaque étape pour permettre un continuum financier entre l’idée, la preuve de concept, la start-up et la scale-up.
« En complément de ce que nous faisons au quotidien pour accompagner les inventeurs, le soutien des décideurs politiques et des entreprises est capital pour préserver cette envie d’innover, » précise le Dr Cécile Campagne. « Aujourd’hui, des voix s’élèvent au sein de l’écosystème de l’innovation en santé pour défendre le statut des chercheurs-inventeurs : un changement de paradigme qu’il est essentiel de saluer. Toutefois, il est impératif que les pouvoirs publics prennent des mesures concrètes pour améliorer le financement de la recherche, à tous les stades. Cela inclut des politiques de long terme visant à soutenir les chercheurs et à moderniser les institutions de recherche. »
Construire un écosystème qui encourage la liberté scientifique et protège les chercheurs, et investir sur tous les maillons de l’innovation : un objectif qui doit être commun et partagé par tous les acteurs publics et privés.
Un accompagnement sur-mesure, de la naissance de l’invention à son exploitation
La recherche académique est à l’origine d’avancées scientifiques qui auront un impact majeur sur la société, à condition de pouvoir les repérer et leur offrir les moyens de se concrétiser. « A l’Institut Curie, notre force réside sur un investissement conséquent sur les phases les plus amont du transfert de technologie, à savoir la détection et la maturation des inventions, en parallèle d’actions accrues de sensibilisation, de formation des collaborateurs et d’un accompagnement sur-mesure, » déclare le Dr Cécile Campagne.
A l’Institut Curie, l’importance de la valorisation de la recherche et du transfert de technologies est matérialisée par une équipe dédiée de 22 professionnels à la Direction de la Valorisation et des Partenariats Industriels (DVPI), qui conseillent et guident les inventeurs du Centre de recherche ou de l’Ensemble hospitalier. « Avant la création d’une direction dédiée, la démarche de transfert était peu connue au sein de l’Institut Curie. Bénéficier d’un tel appui a constitué un véritable accélérateur pour la valorisation de nos recherches et pour stimuler l’intérêt de la communauté médico-scientifique pour l’innovation en santé, » témoigne le Pr Jean-Louis Viovy, physicien, directeur de recherche émérite au CNRS dans l’unité Physique des Cellules et Cancer à l’Institut Curie, à l’origine de plus de 20 brevets et de multiples start-ups à succès.
L’enjeu de la DVPI ? Faire émerger le potentiel d’innovation des chercheurs, médecins et soignants et les accompagner dans la maturation de leurs projets afin d’aboutir à une licence ou à une collaboration avec un industriel, voire à la création de leur propre start-up à travers un programme d’incubation intégré.
Pour relever ces défis, plusieurs axes stratégiques et dispositifs sont mis en œuvre afin d'encourager l'innovation au sein de l’institut :
- Permettre aux chercheurs de vivre pleinement leur chemin dans l’innovation à travers :
- Un accompagnement personnalisé par des équipes expertes, couvrant tous les aspects du transfert de technologie: maturation, stratégie de propriété intellectuelle, analyse marché, licensing, collaborations industrielles, création de start-ups, etc.
- Des actions de formation, sensibilisation et détection, notamment avec la création d’un réseau interne d’Ambassadeurs Tech Transfer regroupant des collaborateurs de l’Institut Curie pour détecter plus rapidement les inventions au sein des laboratoires.
- Une aide au financement des projets via le label d’excellence Carnot dont est doté l’Institut Curie depuis 2011 ou via des appels à projets externes.
- Conduire une politique incitative en faveur de l’innovation : actions de pédagogie, rémunération des inventeurs, mise à disposition de temps dédiés à l’entreprenariat grâce à des délibérations du Directoire de l’Institut Curie, reconnaissance et visibilité pour les projets entrepris.
- Adopter une remise en question permanente et une volonté d’amélioration continue de la politique d’innovation à l’Institut Curie : création d’un comité Tech Transfer, constitué de chercheurs et médecins pour coconstruire la stratégie médico-scientifique, ou encore d’un comité consultatif de spécialistes internationaux pour apporter son expertise et challenger la stratégie de transfert de l’institut.
L’INNOVATION À L’INSTITUT CURIE : CHIFFRES-CLES depuis 2011 Plus de 250 inventeurs à l’Institut Curie 60 nouvelles déclarations d’inventions et de logiciels par an Un portefeuille de 1 111 brevets issus de 260 familles 32 start-ups créées (depuis 2002) 900 M€ levés par les start-ups depuis leur création Plus de 140 M€ générés par la recherche partenariale (hors recherche clinique) Plus de 1000 contrats de collaboration signés |
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[1] Source : Insee / ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation
[2] Source : ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation
[3] Source : HCERES
[4] Source : Commission européenne