A RETENIR
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Dans le monde, le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer avec environ 1,8 million de décès en 2020[1]. En France, il est le 2e cancer le plus fréquent chez l’homme et 3e chez la femme, avec une incidence en forte progression chez la femme. Son diagnostic souvent à un stade avancé rend difficile la prise en charge de ces tumeurs. La recherche et le développement d’options thérapeutiques personnalisées est primordiale pour améliorer la prise en charge des patients.
Un protocole préventif réduit les effets secondaires cutanés de 70 % dans les cancers du poumon avancés
Dans environ 15% des cancers pulmonaires non à petites cellules (CPNPC)[2], les cellules tumorales présentent des mutations au niveau du récepteur du facteur de croissance épidermique (EGRF) et la présence de ces mutations a permis le développement de traitements ciblés. Dans ce contexte, il y a un an, les résultats de l’étude de phase 3 MARIPOSA avaient révélé que la combinaison d’un anticorps bispécifique (amivantamab) et d’une thérapie ciblant l’EGFR (lazertinib) permettait une amélioration de la survie sans progression par rapport au traitement standard chez des patients atteints de cancer du poumon EGFR muté. Au congrès de l’ELCC 2025, les résultats de cette étude MARIPOSA sur la survie globale, à laquelle l’Institut Curie a largement participé, sont présentés : ils confirment que cette combinaison thérapeutique est un nouveau traitement de référence pour ces patients.
Or, ces traitements anti-EGFR, notamment l’amivantamab, sont responsables d’effets secondaires cutanés (eruptions cutanées, atteintes au niveau des ongles…) qui sont bien souvent traités de façon réactives. Pour prévenir l’apparition de ces effets indésirables dermatologiques modérés à sévères, l’étude randomisée de phase 2 COCOON menée par le Pr Nicolas Girard, pneumologue, chef du département d’oncologie médicale à l’Institut Curie, a permis d’évaluer la pertinence d’un traitement dermatologique prophylactique, en association avec l’amivantamab et le lazertinib.
Le traitement administré en préventif comprenait des comprimés antibiotiques par voie orale, des lotions pour le cuir chevelu, des antiseptiques pour les ongles et une hydratation intensive de la peau. Les résultats ont montré que ce protocole préventif optimisé, facile à utiliser, réduit de 70 % l'incidence et la gravité des effets secondaires dermatologiques.
Chiffres clefs cancers du poumon en France (source INCa 2024)
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« Cette étude COCOON révèle des bénéfices réels pour les patients. Ce protocole déjà mis en place à l’Institut Curie, en collaboration avec l’équipe de l’Unité plaies et cicatrisation[3], illustre avec succès l’implication forte de l’Institut Curie dans l’innovation au service de la qualité de vie des patients », déclare le Pr Nicolas Girard. « Ces résultats positifs mettent en évidence une amélioration considérable de la qualité de vie mais aussi un suivi prolongé des traitements (chez les patients qui auraient pu interrompre l’étude du fait de la survenue des effets indésirables) ; et ce, grâce à une prise en charge précoce, préventive et intensive sur le plan dermatologique ».
Mini Oral session 27 mars 2025 – Pr Nicolas Girard / Preventing moderate to severe dermatologic adverse events in first-line EGFR-mutant advanced NSCLC treated with amivantamab plus lazertinib: Early success of the COCOON trial
Médecine de précision : accélérer l’innovation thérapeutique dans les formes rares du cancers du poumon
Dans près de 3 % des CPNPC, les cellules tumorales présentent une altération du récepteur HER2 à l’origine de leur prolifération et de la survenue du cancer. Si l’expression de ce récepteur est bien connue des oncologues dans les cancers du sein, son altération est beaucoup plus rare et moins connue dans les cancers du poumon.
Les premiers résultats d’une étude multicentrique de phase 1/2 (SOHO-01) présentés au dernier congrès de l’ASCO 2024, a permis d’évaluer l’effet d’un inhibiteur capable de cibler HER2 dans le cancer du poumon non à petites cellules. Aujourd’hui, au congrès de l’ELCC, le Pr Nicolas Girard présente les résultats de deux cohortes d'expansion de cette étude SOHO-01 : ils confortent les premiers résultats et la poursuite du développement clinique de ce nouveau traitement. « Le développement prometteur de ce nouveau traitement démontre à nouveau l’intérêt de la caractérisation moléculaire pour mettre au point de nouvelles thérapies ciblées, capables de changer la donne pour certains groupes de patients », déclare le Pr Nicolas Girard.
Proffered Paper session – 26 mars 2025 – Pr Nicolas Girard - Phase I/II SOHO-01 study of BAY 2927088 in patients with previously treated HER2-mutant NSCLC: Safety and efficacy results from 2 expansion cohorts
Une étude en données de vie réelle très probante
En 2022, une vaste étude internationale de phase 3 - CheckMate-816 - menée chez des personnes atteintes de CPNPC non métastatiques avait révélé les bénéfices nets de la combinaison d'immunothérapies avec une chimiothérapie avant la chirurgie, avec une réduction de près de 40% du risque de récidive et de décès. Ces résultats avaient été présentés par le Pr Nicolas Girard en 2022 au congrès de l’AACR[4].
Promue par l’Institut Curie, une étude a repris les données de vie réelle des patients traités en France dans le cadre de cette étude Checkmate-816. Présentés au congrès l’ELCC 2025, les résultats montrent qu’on reproduit exactement les résultats de l’essai de clinique (en matière de taux de réponse pathologique et de nombre de patients opérés. « Ces résultats confortent que les données issues de la « vraie vie » constituent un levier majeur pour une utilisation plus efficace des traitements sur le marché, tout en facilitant l’accès aux patients à des thérapies de pointe », déclare le Pr Nicolas Girard. « À l’Institut Curie, les données de vie réelle sont au cœur d’une stratégie ambitieuse visant à faire progresser la recherche médicale ».
Les données de vie réelle constituent les informations contenues dans les dossiers médicaux, les retours des patients via questionnaires ou applications connectées, ou encore les données populationnelles et administratives. Issues de la « vraie vie », elles reflètent le quotidien des patients et des services hospitaliers, et complètent les essais cliniques. En fournissant des « preuves » issues de la pratique clinique. Contrairement aux données contrôlées des essais, elles intègrent la diversité des parcours de soins et de l’impact des traitements dans les conditions réelles. En fournissant des preuves concrètes, ces études permettent d’évaluer l’efficacité et la tolérance des traitements, d’identifier des besoins médicaux non satisfaits, d’optimiser et personnaliser les soins, d’accélérer l’accès aux innovations thérapeutiques, et de réduire les coûts de développement des nouveaux médicaments.
Poster session – 28 mars 2025 – Francesca Lucibello - Pathological response after neoadjuvant chemotherapy (chemo) and nivolumab (NIVO) in resectable non-small cell lung cancer (NSCLC): Initial results from a French multicenter real-world (rw) retrospective study
Cancer du thymus : le point sur la prise en charge de ce cancer rare et méconnu
Les tumeurs malignes du thymus - organe central du système immunitaire situé dans la partie supérieure du thorax, entre les poumons et sous le sternum - touchent environ 250 personnes chaque année en France. Dans la plupart des cas, ces cancers prennent naissance dans les cellules épithéliales du thymus : on parle de tumeurs épithéliales thymiques. Les équipes de l’Institut Curie sont très investies dans la recherche et la prise en charge de ces tumeurs qui sont rares, orphelines, peuvent se révéler particulièrement agressives et entraînent souvent des récidives. L’Institut Curie dispose d’une expertise unique dans la prise en charge multidisciplinaire des tumeurs du thymus. L’objectif est de développer des stratégies thérapeutiques personnalisées, types immunothérapies ou thérapies ciblées, pour lutter contre les cancers du thymus rares, aujourd’hui sans solution thérapeutique suffisamment efficace. A ce titre, les équipes de l’Institut Curie sont fortement impliquées dans la mise à jour des recommandations européennes pour la prise en charge des cancers du thymus.
Par ailleurs, l’étude RADIO-RYTHMIC-01 est actuellement en cours : elle vise à évaluer les effets d’une radiothérapie en modulation d’intensité sur la survenue des rechutes après une chirurgie d’un cancer du thymus. Cette étude nationale est en cours dans plus de 15 centres et visent à inclure plus de 300 patients.
Educational session – 27 mars 2025 – Pr Nicolas Girard / Thymic epithelial tumours : What is new in a multidisciplinary approach
Pour en savoir plus sur le congrès : https://www.esmo.org/meeting-calendar/european-lung-cancer-congress-2025
Contacts presse :
Catherine Goupillon-Senghor - catherine.goupillon-senghor@curie.fr / 06 13 91 63 63
Elsa Champion – elsa.champion@curie.fr / 07 64 43 09 28
Juliette Mamelonet - juliette.mamelonet@havas.com / 01 58 47 90 12
A propos de l’Institut Curie
L’Institut Curie, 1er centre français de lutte contre le cancer, associe un centre de recherche de renommée internationale et un ensemble hospitalier de pointe qui prend en charge tous les cancers y compris les plus rares. Fondé en 1909 par Marie Curie, l’Institut Curie rassemble sur 3 sites (Paris, Saint-Cloud et Orsay) plus de 3 800 chercheurs, médecins et soignants autour de ses 3 missions : soins, recherche et enseignement. Fondation reconnue d’utilité publique habilitée à recevoir des dons et des legs, l’Institut Curie peut, grâce au soutien de ses donateurs, accélérer les découvertes et ainsi améliorer les traitements et la qualité de vie des malades.
Pour en savoir plus : curie.fr, Facebook, LinkedIn, Instagram, Bluesky
[1] Source : OMS : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/lung-cancer
[2] Parmi les deux principaux types de tumeurs du poumon, le cancer du poumon non à petites cellules représente plus de 80 % des diagnostics, dont la majorité sont non métastatiques.
[3] L’Unité Plaies et cicatrisation de l’Institut Curie est dirigée par Isabelle Fromantin
[4] Communiqué de presse – 11 avril 2022 : Cancer du poumon : un nouveau traitement associant immunothérapies et chimiothérapie réduit de près de 40 % le risque de récidive et de décès