Accueil Communiqués

Cancer du pancréas : une étude originale sur les bénéfices de l’Activité Physique Adaptée pour les patients

Communiqué

5 Juin 2022

Cancer du pancréas : une étude originale sur les bénéfices de l’Activité Physique Adaptée pour les patients

Le Dr Cindy Neuzillet, gastroentérologue, spécialiste des cancers digestifs à l’Institut Curie présente les résultats de l’étude APACaP qui montre l’efficacité de l’activité physique adaptée sur plusieurs paramètres de la qualité de vie des patients atteints de cancer du pancréas avancé.

Parmi les soins de support, l’Activité Physique Adaptée (APA) chez les patients recevant une chimiothérapie est un véritable traitement innovant permettant de lutter contre la fatigue et la sarcopénie (perte de muscle liée au cancer) et d’améliorer la qualité de vie des malades. Ses effets bénéfiques ont déjà été démontré notamment chez les patientes traitées pour un cancer du sein en situation adjuvante. Les données dans les cancers digestifs, en particulier avancés (non opérables) étaient jusque-là plus limitées.

 

Le Dr Cindy Neuzillet, gastroentérologue, spécialiste des cancers digestifs à l’Institut Curie, présente le 5 juin les résultats finaux d’une étude inédite qu’elle a co-coordonné avec le Pr Pascal Hammel (AP-HP) depuis près de 10 ans.

 

Promue par le GERCOR [1], cette étude de phase 3, baptisée APACaP, a permis d’évaluer l’activité physique adaptée auprès de plus de 300 patients atteints de cancer du pancréas avancé.

 

Cette présentation à l’ASCO est le résultat d’un long travail mené en collaboration avec le Pr Pascal Hammel. Née au début des années 2010, cette étude était pionnière dans le domaine de l’activité physique adaptée, alors encore très peu développée dans les hôpitaux français,

se rappelle le Dr Cindy Neuzillet.

 

Evaluer l’APA sur la qualité de vie

 

Il s’agit de la plus importante étude jamais menée sur l’impact de l’activité physique adaptée sur la qualité de vie pour les patients atteints de cancer du pancréas. Cette étude randomisée (un groupe avec chimiothérapie seule et un groupe avec chimiothérapie et activité physique adaptée) a inclus plus de 300 malades. Les patients du groupe activité physique adaptée étaient évalués par des tests de condition physique réalisés avec un enseignant spécialisé (Mooven) afin d’établir un programme personnalisé d’exercices d’endurance (marche, vélo) et de renforcement musculaire (élastique) en complément des activités de la vie quotidienne.

 

Ils étaient ensuite suivis chaque semaine en visio pendant 16 semaines par ces mêmes enseignants en activité physique adaptée, pour réajuster le programme en fonction de l’évolution du patient. En complément, un accompagnant de leur entourage (famille ou ami) était désigné pour encourager les patients à pratiquer les activités et entretenir leur motivation.

 

Bien que l’objectif principal (trois dimensions de la qualité de vie à 16 semaines) tel que défini dans l’étude n’ait pas été atteint, les résultats des analyses complémentaires présentés à l’ASCO montrent une amélioration significative de plusieurs dimensions de la qualité de vie des patients atteints de cancer du pancréas : fonctionnement physique, émotionnel et cognitif, et certains symptômes (fatigue, douleur, nausées, appétit).

 

« Outre les effets bénéfiques sur la qualité de vie des patients, nous montrons également une tendance (non significative) à l’amélioration de la survie globale, sans progression et du taux de réponse aux traitements », se réjouit le Dr Neuzillet. Nous confirmons par ailleurs que l’activité physique adaptée est faisable et sans risque chez ces patients. Une seule conclusion à retenir : recommander la pratique d’activité physique adaptée aux patients atteints de cancer du pancréas avancé. »

 

L'étude APACaP a été réalisée avec le soutien de la Fondation A.R.CA.D (Aide et Recherche en Cancérologie Digestive).

 

► Voir les explications du Dr Neuzillet en vidéo

 

Référence :

Adapted physical activity in patients (Pts) with advanced pancreatic cancer (APACaP): Results from a prospective national randomized GERCOR trial.
Session “Gastrointestinal Cancer — Gastroesophageal, Pancreatic, and Hepatobiliary”
Présentation orale le 5 juin à 16h48 (heure française)

 

L’Institut Curie, pionnier de l’activité physique adaptée en France

 

Pionnier dans l’offre d’activité physique adaptée (APA) depuis 11 ans, l’Institut Curie poursuit sa démarche en développant son dispositif dédié afin de doubler le nombre de patients pouvant en bénéficier dans les 2 ans. Au programme en 2022 : sensibilisation précoce des patients atteints de cancer, formation des oncologues, programme étoffé et personnalisé, et évaluation des bienfaits de l’APA.

 

Dans ce contexte, le Dr Cindy Neuzillet vient de lancer un essai clinique de phase II qui vise à évaluer l’intérêt d’un programme individualisé de nutrition et d’activité physique adaptée chez des patients atteints de cancers bronchiques ou digestifs avancés et qui sont en situation de fragilité.

 

« L’objectif des séances d’APA réalisées sous la supervision d’un professionnel est double : réduire la fatigue des patients et maintenir leur masse musculaire pour optimiser leur qualité de vie et limiter les effets secondaires des traitements. Ces séances viennent en plus de l’activité physique quotidienne, explique-t-elle. Par ailleurs, les interventions nutritionnelles consistent à déployer des mesures pour couvrir les besoins en protéines et calories, qui sont augmentées du fait de la maladie et des traitements. Il s’agit de conseils diététiques, de compléments nutritionnels oraux voire si nécessaire de la mise en place d’une nutrition artificielle. »

 

Plus de 270 patients devraient participer à cet essai, qui sera déployé dans 9 centres de lutte contre le cancer sous la supervision du Dr Neuzillet. Ils suivront ce programme personnalisé pendant deux semaines. L’objectif principal est de déterminer si cela a un impact sur la qualité de vie des patients.

 

[1] Créé en 1997, le GERCOR est une entité à but non lucratif dont la mission est d’améliorer les traitements pour les patients atteints d’un cancer (tumeurs solides) par une recherche clinique innovante et pluridisciplinaire. Promoteur d’études cliniques (Ph I à III) en toute indépendance, il s’appuie sur un réseau national de 300 centres hospitaliers universitaires, centres de lutte contre le cancer, hôpitaux généraux et centres privés, ainsi que sur des collaborations avec d’autres groupes académiques en France et à l’international coordonnés par une équipe opérationnelle labellisée par l'INCa et la Ligue Nationale Contre le Cancer. http://www.gercor.com