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Vaccin thérapeutique et immunothérapie : une association porteuse d’espoir face aux cancers liés à HPV16

Brève

15 Septembre 2023

Vaccin thérapeutique et immunothérapie : une association porteuse d’espoir face aux cancers liés à HPV16

Parmi les papillomavirus humains responsables de cancers, le HPV16 est le plus fréquent et peut déclencher la maladie dans de nombreuses localisations. Pour la traiter, une équipe de l’institut Curie a eu l’idée de tester l’association d’un vaccin thérapeutique et d’une immunothérapie. Les résultats, encourageants, sont publiés dans la revue European Journal of Cancer. Ils ouvrent la voie à d’autres essais cliniques.

Tout a commencé avec le développement, par l’entreprise de biotech Transgene, d’un vaccin thérapeutique, nommé TG4001, contre les lésions pré-cancéreuses du col de l’utérus dues au papillomavirus humain HPV16.

 

Ce vaccin ne présentait pas un intérêt spécifique par rapport aux autres méthodes de traitement de ces lésions, comme la conisation. En revanche, nous avons eu l’idée de l’associer à une immunothérapie pour la prise en charge de cancers avancés liés à HPV16, retrace le Pr Christophe Le Tourneau, directeur du Département d’Essais Cliniques précoces (D3i) de l’Institut Curie.

Sachant que le vaccin est destiné à stimuler le système immunitaire, et que l’immunothérapie par inhibiteur de point de contrôle vise à lever les obstacles dressés par les cellules tumorales devant le système immunitaire, la combinaison des deux peut en effet s’avérer pertinente !

Une sécurité validée, une efficacité encourageante

Pour le vérifier en pratique, Christophe Le Tourneau et ses collègues ont réalisé un essai clinique associant le vaccin TG4001 et l’avelumab, un inhibiteur de points de contrôle ciblant la protéine PD-L1. Premier enseignement : l’association des deux traitements est bien tolérée. Sur les 43 patients ayant reçu au moins une dose de TG4001 et d’avelumab, seul un patient a déclaré un effet secondaire indésirable grave dont l’avelumab est suspecté d’être la cause.

L’efficacité est toute aussi intéressante : le taux de réponse global est de 22 %, avec une survie médiane totale de 11 mois.

 

Sachant que nous avions des profils de cancers très variés – de l’anus, du col de l’utérus, de l’oropharynx, du vagin et de la vulve – à des stades avancés, qui avaient déjà résisté à une, deux ou trois lignes de traitement, nous pouvons dire que ces chiffres sont encourageants, estime le Pr Le Tourneau.

Comparer l’efficacité de la combinaison à l’immunothérapie seule

Seul bémol, auquel l’équipe s’attendait : les résultats sont nettement moins bons chez les patients présentant des métastases au foie. L’immunothérapie est en effet peu efficace sur ce type de métastases et le vaccin seul ne peut pas induire une réponse suffisamment forte contre la maladie.

 

Ces résultats sont cependant largement suffisants pour justifier un essai clinique randomisé de phase II et celui-ci a d’ailleurs démarré dès 2024, révèle le médecin.

Il s’agit cette fois de comparer l’efficacité de la combinaison TG4001 + avelumab par rapport à l’avelumab seul, dans une population de patients ayant un envahissement hépatique limité. Les données préliminaires sont là encore encourageantes : 58 % des patients ayant reçu la combinaison de traitements ont eu une réponse immunitaire contre les antigènes du HPV, contre 9 % des patients sous avelumab seul. Et il y a bien un lien entre cette réponse immunitaire et l’efficacité de l’association. Les résultats définitifs sont attendus pour 2024.

 

Référence : E. Borcoman et al., Phase Ib/II Trial of TG4001 (Tipapkinogene Sovacivec), a therapeutic HPV16-Vaccine, in Combination with avelumab in Patients with advanced HPV16-positive Cancers, European Journal of Cancer, septembre 2023