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ESMO 2022 > Sarcomes utérins : une étude montre l’efficacité d’une nouvelle méthode diagnostique pour proposer une chirurgie personnalisée aux femmes

Communiqué

7 Septembre 2022

ESMO 2022 > Sarcomes utérins : une étude montre l’efficacité d’une nouvelle méthode diagnostique pour proposer une chirurgie personnalisée aux femmes

Du 9 au 13 septembre prochain à Paris, la communauté mondiale en cancérologie est réunie pour le congrès de la Société européenne d’oncologie médicale. Pendant cinq jours, sur tous les fronts de la cancérologie, les médecins dont 15 de l’Institut Curie, partagent leurs résultats très prometteurs pour accélérer le combat contre le cancer.

Une nouvelle méthode, associant biopsie, analyse anatomopathologique et technique de biologie moléculaire, va permettre de réaliser des diagnostics préopératoires très précis et de proposer des chirurgies personnalisées, et dans certains cas d’éviter des hystérectomies inutiles. Efficace et sûre, cette nouvelle approche diagnostique, pratiquée à l’Institut Curie, va changer la prise en charge des femmes présentant une tumeur utérine et fera progressivement partie des standards de prise en charge dans tous les services hospitaliers en France.Cette étude initiée par le Pr Sylvie Bonvalot, chirurgienne, spécialiste des sarcomes à l’Institut Curie, sera présentée le 10 septembre 2022 à 11h en session orale par le Dr Jeremy Smadja, radiologue à l’Institut Curie.

 

A retenir •

  • 1 tumeur de la paroi musculaire de l’utérus sur 400 est un sarcome utérin (leiomyosarcome) donc une tumeur maligne
  • Les sarcomes utérins sont des tumeurs rares (100 à 200 cas par an en France) dont le pronostic peut être très aggravé par une chirurgie inadaptée
  • La chirurgie = traitement de référence
  • une chirurgie partielle de l’utérus réalisée sans diagnostic préalable de malignité  = fragmentation de la tumeur et donc dissémination, ce qui entraine des métastases péritonéales et aggrave considérablement le pronostic.
  • une hystérectomie faite sans diagnostic préalable de malignité = risque de geste radical inutile, particulièrement dramatique pour les femmes jeunes souhaitant une grossesse
  • Une nouvelle méthode diagnostique va permettre de faire des chirurgies plus personnalisées et de la désescalade chirurgicale dans certains cas (éviter l’hystérectomie)
  • Cette méthode innovante combine biopsie + analyse anatomo-pathologique + biologie moléculaire
  • Une méthode 100% efficace et sans risques de complication dans le diagnostic préopératoire de ces tumeurs
  • A l’avenir les standards de prise en charge des sarcomes utérins seront modifiés 

 

Enjeu primordial : réaliser la chirurgie adaptée à chaque femme

 

Parmi les fibromes utérins qui sont les tumeurs pelviennes les plus fréquentes, survenant chez près de 70% des femmes autour de 50 ans, les sarcomes utérins sont un groupe hétérogène de cancers rares (1 sur 400 hystérectomies pour « fibrome »).

 

La plupart des sarcomes utérins (leiomyosarcomes) sont diagnostiqués au microscope après une hystérectomie (ablation de l’utérus) ou une myomectomie (ablation de la tumeur). Le diagnostic préopératoire n'est pas aisé et repose actuellement sur l'imagerie par résonance magnétique (IRM) pelvienne.

 

« L’imagerie des fibromes utérins est complexe pour les radiologues, car même avec l’IRM il est parfois difficile de faire la différence entre les tumeurs bénignes et les malignes », explique le Dr Jeremy Smadja, radiologue à l’Institut Curie.

 

Or un diagnostic préopératoire très précis de ces tumeurs est primordial pour proposer la chirurgie adaptée à chaque situation : chirurgie conservatrice (myomectomie) ou chirurgie totale (hystérectomie). Il est notamment crucial d’éviter un geste chirurgical radical, l’hystérectomie, chez les femmes en âge de procréer.

 

L’étude menée à l’Institut Curie a évalué la faisabilité et l’impact d’une méthode diagnostique innovante associant biopsie préopératoire, analyse anatomo-pathologique et technique de biologie moléculaire.

 

Menée sur 34 patientes présumées porteuses d’une tumeur utérine maligne lors de la réunion de concertation pluridisciplinaire et justifiant en théorie d’une hystérectomie, cette étude montre que cette nouvelle approche est 100% efficace dans le diagnostic préopératoire des tumeurs et sans risques de complication.

 

« Il s’agit d’éviter une chirurgie inadéquate. Chez les femmes de 50 ans et plus, il est primordial de savoir avant le geste chirurgical s’il s’agit d’un sarcome pour ne pas fragmenter la tumeur lors de l’hystérectomie, car les conséquences sont dramatiques et peuvent entrainer le décès, explique le Pr Sylvie Bonvalot, chirurgienne à l’Institut Curie. Chez les femmes plus jeunes, il est crucial d’éviter l’hystérectomie quand elle n’est pas nécessaire. »

 

Nouveau standard diagnostique

 

Après une IRM suspecte de tumeur maligne sur la paroi de l’utérus, il sera désormais recommandé de réaliser cet examen supplémentaire.   Les pratiques vont évoluer et cette nouvelle combinaison diagnostique, déjà mise en œuvre à l’Institut Curie, fera partie des prochains standards de prise en charge courant 2023.

 

« Il ne faut pas oublier que c’est beaucoup plus pertinent, individuellement et collectivement, de faire un traitement personnalisé bien adapté, plutôt que de rattraper une chirurgie inadaptée. Les sarcomes sont des tumeurs complexes et il est recommandé de traiter ces patientes dès le diagnostic dans des centres spécialisés et experts de ces tumeurs », rappelle le Pr Sylvie Bonvalot.

 

Adaptation de la stratégie thérapeutique en fonction du diagnostic pré-opératoire :

  • chez les femmes ayant une tumeur bénigne => traitement conservateur médical ou chirurgie conservatrice (myomectomie).
  • chez les femmes ayant un sarcome => chirurgie totale en un bloc avec une marge de tissu sain sur le vagin (hystérectomie).

 

« Pour cette édition particulière de l’ESMO, qui se déroule cette année à Paris, je ne peux que souligner le dynamisme et la qualité des résultats de recherches au niveau européen et au-delà des médecins de l’Institut Curie. Je salue spécialement les travaux consacrés aux cancers féminins, en matière de désescalade, de médecine de précision ou de nouvelles thérapies… les pistes sont nombreuses à l’Institut Curie avec toujours comme objectif de mieux prendre en charge et de guérir plus de femmes ». Pr Steven Le Gouill, directeur de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie

 

Les experts de l’Institut Curie à l’ESMO

 

Du 9 au 13 septembre prochain à Paris, la communauté mondiale en cancérologie est réunie pour le congrès de la Société européenne d’oncologie médicale. Pendant cinq jours, sur tous les fronts de la cancérologie, les médecins dont 15 de l’Institut Curie, partagent leurs résultats très prometteurs pour accélérer le combat contre le cancer.

 

Retrouvez en téléchargement ci-contre les autres résultats présentés à l’ESMO par les médecins de l’Institut Curie et notamment notre zoom dédié au cancer des femmes : https://curie.fr/sites/default/files/medias/documents/2022-09/CP%20ESMO%202022.pdf