Une nouvelle méthode, associant biopsie, analyse anatomopathologique et technique de biologie moléculaire, va permettre de réaliser des diagnostics préopératoires très précis et de proposer des chirurgies personnalisées, et dans certains cas d’éviter des hystérectomies inutiles. Efficace et sûre, cette nouvelle approche diagnostique, pratiquée à l’Institut Curie, va changer la prise en charge des femmes présentant une tumeur utérine et fera progressivement partie des standards de prise en charge dans tous les services hospitaliers en France.Cette étude initiée par le Pr Sylvie Bonvalot, chirurgienne, spécialiste des sarcomes à l’Institut Curie, sera présentée le 10 septembre 2022 à 11h en session orale par le Dr Jeremy Smadja, radiologue à l’Institut Curie.
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Enjeu primordial : réaliser la chirurgie adaptée à chaque femme
Parmi les fibromes utérins qui sont les tumeurs pelviennes les plus fréquentes, survenant chez près de 70% des femmes autour de 50 ans, les sarcomes utérins sont un groupe hétérogène de cancers rares (1 sur 400 hystérectomies pour « fibrome »).
La plupart des sarcomes utérins (leiomyosarcomes) sont diagnostiqués au microscope après une hystérectomie (ablation de l’utérus) ou une myomectomie (ablation de la tumeur). Le diagnostic préopératoire n'est pas aisé et repose actuellement sur l'imagerie par résonance magnétique (IRM) pelvienne.
« L’imagerie des fibromes utérins est complexe pour les radiologues, car même avec l’IRM il est parfois difficile de faire la différence entre les tumeurs bénignes et les malignes », explique le Dr Jeremy Smadja, radiologue à l’Institut Curie.
Or un diagnostic préopératoire très précis de ces tumeurs est primordial pour proposer la chirurgie adaptée à chaque situation : chirurgie conservatrice (myomectomie) ou chirurgie totale (hystérectomie). Il est notamment crucial d’éviter un geste chirurgical radical, l’hystérectomie, chez les femmes en âge de procréer.
L’étude menée à l’Institut Curie a évalué la faisabilité et l’impact d’une méthode diagnostique innovante associant biopsie préopératoire, analyse anatomo-pathologique et technique de biologie moléculaire.
Menée sur 34 patientes présumées porteuses d’une tumeur utérine maligne lors de la réunion de concertation pluridisciplinaire et justifiant en théorie d’une hystérectomie, cette étude montre que cette nouvelle approche est 100% efficace dans le diagnostic préopératoire des tumeurs et sans risques de complication.
« Il s’agit d’éviter une chirurgie inadéquate. Chez les femmes de 50 ans et plus, il est primordial de savoir avant le geste chirurgical s’il s’agit d’un sarcome pour ne pas fragmenter la tumeur lors de l’hystérectomie, car les conséquences sont dramatiques et peuvent entrainer le décès, explique le Pr Sylvie Bonvalot, chirurgienne à l’Institut Curie. Chez les femmes plus jeunes, il est crucial d’éviter l’hystérectomie quand elle n’est pas nécessaire. »
Nouveau standard diagnostique
Après une IRM suspecte de tumeur maligne sur la paroi de l’utérus, il sera désormais recommandé de réaliser cet examen supplémentaire. Les pratiques vont évoluer et cette nouvelle combinaison diagnostique, déjà mise en œuvre à l’Institut Curie, fera partie des prochains standards de prise en charge courant 2023.
Adaptation de la stratégie thérapeutique en fonction du diagnostic pré-opératoire :
- chez les femmes ayant une tumeur bénigne => traitement conservateur médical ou chirurgie conservatrice (myomectomie).
- chez les femmes ayant un sarcome => chirurgie totale en un bloc avec une marge de tissu sain sur le vagin (hystérectomie).
« Pour cette édition particulière de l’ESMO, qui se déroule cette année à Paris, je ne peux que souligner le dynamisme et la qualité des résultats de recherches au niveau européen et au-delà des médecins de l’Institut Curie. Je salue spécialement les travaux consacrés aux cancers féminins, en matière de désescalade, de médecine de précision ou de nouvelles thérapies… les pistes sont nombreuses à l’Institut Curie avec toujours comme objectif de mieux prendre en charge et de guérir plus de femmes ». Pr Steven Le Gouill, directeur de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie
Les experts de l’Institut Curie à l’ESMO
Du 9 au 13 septembre prochain à Paris, la communauté mondiale en cancérologie est réunie pour le congrès de la Société européenne d’oncologie médicale. Pendant cinq jours, sur tous les fronts de la cancérologie, les médecins dont 15 de l’Institut Curie, partagent leurs résultats très prometteurs pour accélérer le combat contre le cancer.
Retrouvez en téléchargement ci-contre les autres résultats présentés à l’ESMO par les médecins de l’Institut Curie et notamment notre zoom dédié au cancer des femmes : https://curie.fr/sites/default/files/medias/documents/2022-09/CP%20ESMO%202022.pdf